Ah! ces wallets, même si je comprends que la critique est facile et l’art difficile, il y a quand même quelques avantages de temps en temps à faire un arrêt sur image et à poser quelques critiques qui se veulent toujours constructives !
Je connais en effet beaucoup de personnes ayant investi ou désireuses de le faire dans les crypto monnaies dans un objectif de placement, de promotion de cette technologie ou toute autre raison, mais peu, en l’état actuel de la dynamique, prêtes à se confronter à cet usage désordonné, complexe et risqué des wallets sur ordinateur. Il n’est donc pas étonnant dans ce contexte de voir les plateformes d’échanges être des places fortes où les valeurs ne transitent pas mais restent stockées où chacun croise les doigts pour que celles-ci ne soient pas piratées.
Quelque part en n’optimisant pas les wallets et leurs usages, on encourage, sans le vouloir, les pratiques de trading et de volatilité des cours au détriment de la participation au réseau (POS) et de l’investissement à plus long terme par leur transfert en dur sur les wallets. Je ne parle pas encore ici de l’usage dans l’économie réelle encore trop peu développé pour pouvoir être un argument de transfert sur son ordinateur ou sur son smartphone. Par contre, c’est un frein évident pour le développement futur de ces nouveaux usages. Nous en parlerons plus loin.
Or, les wallets représentent justement ce qui permet de passer, potentiellement, à la notion d’usage monétaire et non simplement de placement ou de trading telles que les représentent aujourd’hui les plateformes d’échanges comme poloniex, bittrex ou kraken. Au-delà des enjeux de sécurité comme j’ai pu le décrire dans un article précédent (lien), il y a derrière cela de fortes questions liées au déploiement des usages pour les citoyens. Partant du principe que ces plateformes jouent actuellement un rôle de monitoring du crowdfunding géant (et d’écrémage) à destination des start-ups que nous voyons depuis quelques années, et si nous estimons que certains de ces projets vont se déployer à plus grande échelle, il est nécessaire d’aborder la question délicate des wallets actuels.
Pour ma part, les principaux freins à cette adoption généralisée des crypto monnaies sont :
- La question des wallets et l’absence de gestion mutualisée et simplifiée
- Les problèmes de sécurité et la gestion de celle-ci à titre individuel
- L’esthétique et l’expérience utilisateur
- L’input et l’output actuel des crypto monnaies
L’enjeu des multi-wallets est donc crucial à la fois pour simplifier (unifier) les questions de sécurité mais aussi dans le cadre du développement d’un usage mutualisé. En effet, si je souhaite développer l’utilisation de masse, la création d’un wallet incluant un nombre important de crypto monnaies est primordiale. C’est pourquoi dans ce cadre-là je différencie les utilisateurs finaux liés à une adoption de masse des contributeurs qui continueront certainement à forger leurs pièces favorites dans le cadre de protocole « proof of stake » ou à miner dans le cadre de protocole « proof of work ».
Il faut noter le pas en avant réalisé par l’application JAXX qui réunit actuellement sous un format unifié 8 crypto monnaies. Ce n’est qu’un début mais qui a le mérite de montrer une voie allant dans le sens d’une simplification pour l’utilisateur final.
Ensuite, comme je l’ai évoqué lors d’un précédent article (lien), la question de la sécurité de ces comptes est primordiale. Le risque est important et les techniques de sécurité pour se protéger dignes d’un film de James Bond.
Il est important à l’avenir que des outils ou de nouveaux tiers de confiance émergent afin de permettre à chacun de sécuriser ses fonds en toute quiétude. Les usages de l’informatique sont en constante augmentation mais je ne suis pas sûr que nous puissions tenir le même raisonnement pour l’appropriation technologique (hardware/software) et pour la sécurisation de tous ces terminaux à titre individuel. Déjà que cela pose problème à l’échelle d’entreprise… je n’ose imaginer à titre individuel.
Concernant l’esthétique, je sais que cela peut paraître dérisoire comparé à l’ensemble des problématiques que les crypto monnaies vont rencontrer afin de s’affranchir des limites actuelles, mais malgré tout c’est un point qu’il faut évoquer tellement les wallets actuels ressemblent à certains logiciels datant de la belle époque de Windows XP à la fois sur la forme que sur le fond avec des bugs et des lenteurs parfois insoutenables. Si c’est à un logiciel bancaire que cela doit ressembler à l’avenir, il me semble qu’il y a de grand progrès à faire afin de donner à la fois confiance aux utilisateurs mais aussi à se démarquer par l’esthétique et la facilité d’utilisation, voir aux développement d’opérations annexes, directement intégrées dans le logiciel : l’achat direct en devises internationales, le vote via une DAO intégrée, le prêt inter-utilisateur, la possibilité de financer des projets par un crowdfunding ou encore la faculté de commander directement une carte bancaire.
Sur l’esthétique, DASH, MONERO et Gulden ont développé de belles interfaces, il faut le mettre en avant tellement le désert reste de mise sur ce terrain. Les autres ajouts communautaires (votes, trading,…) sont parfois présents sur les projets de blockchain 2.0 type NXT, Bitshares ou Ethereum mais jamais développés sur les projets à vocation monétaire si ce n’est sur Blackcoin (marché communautaire intégré BlackHalo) dont l’ambition et le travail remarquable des développeurs est à souligner.
Enfin, la notion d’input et d’output est cruciale puisque le wallet ne permet actuellement ni l’entrée matérialisée par l’achat, ni véritablement la dépense en devises virtuelles. Les wallets permettent actuellement un transfert monétaire entre utilisateurs et afficionados des différentes chaînes de valeur mais guère plus que cela. En entrée, on retrouve la porte d’entrée du bitcoin, seule crypto monnaie ayant suffisamment de reconnaissance pour se prévaloir de cette autorité déléguée.
Il existe malgré tout plusieurs alternatives récentes mais elles sont très insignifiantes en volume pour être vraiment considérées comme usuelles. On peut citer notamment http://www.anycoindirect.eu, http://www.changelly.com.
L’output, quant à lui, se limite à l’achat sur quelques sites internet dont le nombre va augmenter avec le temps, je n’en doute pas, et le smartphone à utilisation très limitée si ce n’est dans des lieux dédiés, pro-bitcoin, ou via des application comme « knocks » pour Gulden mais là aussi pour le moment restreint dans son champ d’application par les commerçants qui veulent bien accepter ce type de paiement. On est encore très loin de l’adoption et de la mise à jour des terminaux de paiement par des géants tels que INGENICO ou XEROX pour ne parler que de ces deux-là. La solution aujourd’hui est donc de commander un carte bancaire acceptant les bitcoins ou autres crypto monnaies et de faire les transferts afin de pouvoir utiliser les multiples crypto monnaies ou leur conversion bitcoin dans nos usages quotidiens.
Concernant l’effort d’intégration de solutions bancaires, seul GULDEN peut aujourd’hui se vanter d’avoir intégré l’achat de GULDEN directement depuis l’interface du logiciel même si cela est possible seulement pour les pays du Benelux. En outre, leur partenariat avec l’application « knocks » qui permet le paiement par smartphone montre la volonté tenace des développeurs d’aller dans le sens d’une adoption généralisée et surtout de permettre d’amener des non-initiés dans le monde des crypto monnaies. Je ne suis pas convaincu que cela soit suffisant pour imprimer définitivement une marque, tant les difficultés peuvent survenir de partout par l’adoption de masse, mais ces initiatives ont le mérite d’apporter un peu de vent frais et d’innovation, hors algorithmes et codages de haut vol bien sûr.
Alors bien entendu, l’incertitude actuelle régnant autant sur la résilience de certaines monnaies alternatives que sur la capacité des crypto monnaies à franchir le seuil virtuel afin de pénétrer définitivement dans l’économie n’encourage guère les développeurs à innover sur le plan de l’expérience utilisateur. Les wallets se ressemblent et leurs créateurs donnent l’impression de délaisser cette problématique, d’attendre le feu vert avant de travailler plus en avant sur les questions que poseront inévitablement le nécessaire développement de la convivialité, de l’esthétique et de la sécurité.
Cependant, l’adoption généralisée viendra tout à la fois, d’un effort des législateurs, des grandes entreprises (terminaux de paiement, banques), mais aussi des entreprises ou/et des communautés en charge du développement des crypto monnaies. Et les wallets représentent la face émergée et l’interface de gestion des crypto monnaies aux yeux des futurs utilisateurs. C’est donc un élément pivot dans le basculement vers l’usage. C’est pourquoi, je souhaite que cette année 2017 puisse permettre l’émergence des wallets 2.0, qui raviront, je le souhaite, des nouveaux publics conquis par l’arrivée des monnaies et des banques 2.0…